Trouble de l’adaptation

Lic.phil. Sandra Gamboa Rivas, Psychologue spécialiste en psychothérapie FSP - Psychothérapeute reconnue au niveau fédéral

Dans un monde aléatoire, l’adaptation est pour ainsi dire le corolaire du processus de changement et peut comporter une grande dose de stress. Le stress « est un phénomène normal qui peut devenir nuisible lorsqu’il dure trop long temps » (Hahusseau, 2006). En effet, c’est l’aspect de durée, également d’intensité émotionnelle, qui peut constituer un terrain propice pour développer des troubles de l’adaptation.

Cela ne va pas toujours de soi de pouvoir s’adapter à tout changement de vie, et encore moins si ceux-ci sont vécus comme une contrainte, un « mauvais coup du sort » ou la conséquence ultime d’une situation par laquelle l’on a été pris de court etc.

Ainsi, ce sont une multitude des situations qui nous appellent à nous adapter: deuil, rupture, maladie, migration, changement de classe, retraite de la vie professionnelle etc. Le facteur commun à toutes ces situations de vie est la difficulté à s’accommoder à ce nouveau présent. Souvent il y a le deuil d’un passé récent à faire.

Il s’agit de tout « évènement particulièrement stressant entraînant une réaction aigüe à un facteur de stress ou un changement particulièrement marquant dans la vie du sujet, comportant des conséquences désagréables et durables et conduisant à un trouble de l’adaptation » (CIM-10*).

Toute situation de changement n’est pas appelée à être vécue comme problématique. Elle le devient lorsque tout notre monde psychique et/ou social est déstabilisé. La propre vulnérabilité du sujet (histoire personnelle, traits de personnalité, contexte de vie, etc.) joue un rôle non négligeable. Ainsi, selon la CIM-10, « la prédisposition et la vulnérabilité individuelles jouent un rôle plus important dans la survenue de ce trouble et de sa symptomatologie. »

Toujours selon la CIM, l’on a affaire à un trouble d’adaptation lorsque l’on est en présence de : « une humeur dépressive, une anxiété, une inquiétude (ou l’association de ses manifestations), un sentiment d’incapacité à faire face, à faire des projets, ou à supporter la situation actuelle, ainsi qu’une certaine altération du fonctionnement quotidien. »

On peut vivre une forte anxiété liée au fait de ne pas savoir si les efforts fournis pour maîtriser la nouvelle situation seront fructueux (payants) ou pas. Cette incertitude est difficile à gérer et peut constituer une charge psychologique qui fait osciller la personne entre peur et espoir. Par exemple, la peur de ne pas pouvoir surmonter la situation ou l'espoir qu’un mieux-être puisse survenir le plus promptement possible.

D’un extrême à l’autre il y a toute une gamme de sentiments dont on n’est pas toujours conscient : tristesse, colère, fatigue mentale parmi d’autres. Ces sentiments sont étroitement liés à la situation vécue et encore à la manière dont les faits se sont déroulés. Le deuil « inattendu » contre deuil «préparé », la migration volontaire contre migration forcée, la rupture abrupte d’un lien affectif important etc.

D’ailleurs, des manifestations au niveau comportemental peuvent aussi se révéler tel le retrait social, des comportements d’autopunition (auto-agressions), des comportements d’addiction etc. Ces comportements sont à leur tour, souvent, sous-tendus par des sentiments de honte, d’auto-dévalorisation et de perte de contrôle.

Enfin, la conséquence ultime, et peut-être la plus dramatique, est que cela peut constituer un sérieux revers pour l’estime de soi, la valeur et la confiance que l’on s’accorde à soi-même. Ainsi, cela peut déboucher sur des troubles dépressifs et/ou anxieux.

* CIM-10 : Classification Internationale des Maladies  des troubles mentaux et des troubles du comportement ©WHO / Masson, 1994, pour la traduction française, 2000